J'aime bien peindre de l'abstrait pour passer la muraille du réel en extériorisant ce qu'il y a de plus enfoui dans mon esprit.
Le symbolisme pictural ne peut pas se passer d'une réalité visuelle.
Peindre une abstraction repose chez moi sur une introspection purement intellectuelle car c'est une vue de l'esprit.
Quelque part, j'essaye de me comprendre moi-même et me resituer au centre de mon époque en retournant aux sources de l'inspiration.
Cet ancrage culturel est une évidence quand j'ai essayé de comprendre en vain la psychologie du peuple aborigène.
Abandonnant donc toute prétention de ce côté mystérieux pour un occidental cartésien, je me suis contenté d'exprimer avec des couleurs des émotions qui viennent de l'inconscient.
N'étant pas satisfait du premier jet pour cette composition à l'acrylique, je l'ai retouchée pour d'une part conserver une notion de territoires avec des espaces de communication et d'autre part pour donner l'impression de la diversité dans l'unité spirituelle d'un peuple.
L'ambition est sans doute prétentieuse mais c'est ce que je retiens de l'art aborigène avec ses motifs répétitifs.
Contrairement aux apparences ce tableau a été difficile à maîtriser malgré la simplicité de sa structure.
Il paraît abstrait mais en réalité il est conceptuel. Bien sûr je ne peux pas prétendre, comme les premiers habitants de l'Australie à quelques racines que se soient.
Il n'est donc pas d'inspiration spirituelle me reliant à mes ancêtres car je ne suis pas un passeur de traditions culturelles.
Ma peinture n'est que l'expression fugace d'un moment privilégié qui se vit au présent. Terminée, j'en perds l'appropriation au profit de celui qui la regarde en la rejetant ou l'aimant.
Cette composition sera proposée à mon cardiologue qui n'aime pas la couleur rouge et verte, mais en étant sensible au bleu, jaune et orange.
J'ai respecté "ce cahier des charges" qui est loin d'être évident. En tout cas ce fut une réalisation en plusieurs étapes de tâtonnements pour la recherche d'une harmonie picturale et d'un équilibre dans une mise en page.
Si mon médecin ne choisit pas cette abstraction conceptuelle, le tableau rentrera dans la préparation d'expositions.
