vendredi 11 mars 2022

RIEN NE SE PASSE COMME PREVU !

 Je devais être hospitalisé pour une journée le 8 décembre mais ce furent quatre mois avec quatre annonces que mon pronostic vital était engagé par un double infarctus  et de graves hémorragies et que j'allais certainement ne voir ni Noël, ni l'année 2022...

Mais c'était compter sans les recherches obstinées d'une remarquable "interne" du service de "Gastro-Hépatique-Entérologie" du CHU Charles Nicolle et du Docteur Verdier pour proposer une cinquième et ultime intervention qui me sauva la vie alors que  je n'y croyais plus et que je souhaitais "partir sereinement sans angoisse".

Mais le retour à la maison n'était plus possible car j'ai besoin d'être assisté en permanence et les médecins, les assistantes sociales et mes enfant me proposèrent d'entrer en maison de retraite médicalisée. Je les connais toutes car j'ai travaillé avec elles pendant 20 ans , et nous  refusons donc avec Annick de nous retrouver avec des cas sociaux, des gens mal élevés.

L'option de louer un appartement de la résidence "Domitys Athénée" à Mont-Saint-Aignan me parut la meilleure solution car elle offre toutes les prestations paramédicales et  sociales dont nous avons besoin avec mon épouse. Cela a un coût financier élevé car une sélection sociale par le haut s'opère, mais c'est une garantie de qualité de vie. C'est ainsi que j'y rentrais le 8 mars avec Annick.

Ces quatre mois furent une singulière expérience de rencontre avec la mort et la souffrance mais aussi avec des équipes de cardiologie et de gastro absolument remarquables.

Cette solitude imposée par mon état et la pandémie virale ne me pesa pas de problème car j'en ai profité pour dessiner environ 90 aquarelles petits formats que j'ai offert aux personnel soignant. Cela me permit d'établir une relation assez privilégiée avec les agents hospitaliers, les aides soignants, les infirmiers, les étudiants en médecine, les médecins tout à-fait enrichissante.

J'ai dessiner environ 95 petites  aquarelles.


Fâcheusement, le dernier mois fut très éprouvant, car orienté vers une structure de synthèse médicale et de repos, ma chambre était voisine avec celle d'un Sénégalais en fin de vie qui hurlait et celle d'un homme ayant perdu tout repaire et toute limite qui venait se déshabiller dans ma salle de bain ou dans ma chambre. Très fatigué, je n'ai pas non plus supporté les repas infâmes de la cuisine industrielle du CHU. J'ai donc perdu 16 kilogrammes ! Et le tout fut couronné par une chute dans ma chambre sans pouvoir me relever, impliquant une fracture lombaire et une perte importante d'autonomie vestibulaire (marche).

Voila, heureux de pouvoir communiquer à  nouveau, je reviens à la normalité de la vie quotidienne dans les meilleures conditions possibles mais c'est difficile, long et étrangement exaspérant car, après quatre mois d'isolement complet, retrouver le monde sonore pour le sourd profond que je suis devenu est un autre type de difficulté incontournable qu'il me faut surmonter et ce n'est pas gagner.

Le dessin m'a fait oublier mes souffrances, ma dépendance, mon isolement, mes jours de fatigue extrême, l'idée de la mort anxiogène : celle-ci fut parfois souhaitée quand je tombais  dans un abîme à bout de force de souffrances.

Le dessin aquarellé m'a sauvé d'un laissé allé fatal. 

Bien sûr toute cette volonté de vivre, le la dois  surtout à deux soignants, le Docteur Vincent Verdier, et l'interne Clara qui furent remarquables tant sur le plan médical que sur celui de la psychologie relationnelle.

Mais l'expression artistique permet aussi cette dérivation qui redonne goût à la vie.

                                                                                    Jean Louis RICHARD.