ÉTUDE POUR UN SOUS BOIS EN AUTOMNE
Je viens de découvrir que mon véritable plaisir n'est pas de peindre pour moi-même mais que c'est de réaliser une composition picturale à l'intention d'une personne en essayant de deviner ses intérêts et son sens de l'esthétique.
"J'aime les arbres" m'a révélé la personne pour qui je veux peindre. Immédiatement, je me suis dis "pas de feuilles vertes !" La couleur verte est celle que je ne sais pas encore maîtriser. Me reste donc une forêt en automne ou en hiver.
Ce sera l'automne avec les couleurs flamboyantes et chaudes. Je ne vais employer les couleurs froides pour le ciel et l'eau et ainsi accentuer le contraste entre la lumière et les zones d'ombre.
Aimer peindre sur commande, cela veut sans doute dire que je ne possède pas un style très singulier et que tous les sujets, toutes les techniques, tous les ressentis sont au coeur de mon vagabondage artistique. Je l'admets bien volontiers, car je suis bien incapable de dire si le préfère l'impressionnisme à l'art abstrait, si je suis d'avantage touché par un beau tableau classique que par une composition fauvisme. Ce que j'aime c'est l'émotion que provoque une oeuvre d'art et non pas son intellectualisassion.
Alors, oui ! je découvre que les personnes qui orientent mes choix picturaux comptent beaucoup plus que tout et que c'est passionnant de peindre pour elles : il y a comme un influx imaginaire qui passe et me motive. La personne pour qui je dessine devient en quelque sorte le personnage virtuel ou réel de la composition. Et ça, c'est passionnant ! Mais je ne suis pas naïf. Aimer peindre ainsi révèle aussi ce besoin plus ou moins conscient d'être reconnu... Il y a dans toute expression Narcisse que l'on ne peut cacher.
ET EN AVANT LA MUSIQUE !
Donc aujourd'hui même je m'attaque à une aquarelle de 50 cm X 40 cm d'un sous bois traversé par un ruisseau à la saison de l'automne et en avant la musique colorée !
Ha Oui ! l'ensemble finira dans un cadre de 79 cm X 51 cm car, à l'aquarelle, il est important de prévoir un bon passe partout et même le cadre si possible, sans cela il faut la faire encadrer sur mesures et c'est beaucoup plus compliqué pour moi et pour la personne qui la reçoit...Il faut lui laisser la liberté de choisir son cadre.
TECHNIQUE :
Comment élaborer un dessin sans salir le papier ?
André Lenoir m'apprit d'abord à dessiner sur du papier calque les lignes directrices de la composition sans les détails. Une fois cette ébauche bien en place, il faut la retracer au crayon à l'envers avec les bons traits pour pouvoir les décalquer en les reportant sur la feuille blanche bien tendue à l'aide d'une vieille pièce de monnaie avec laquelle on frotte fortement sur le calque. Ainsi le dessin peut apparaître sans salir la feuille avec des traits inutiles.
Le dessin esquissé peut alors être affiné avant sa mise en couleur. C'est tout simple et bien pratique. C'est ce que je suis en train de faire au moment même où j'écris cet article et toute la composition est transférée sur le papier.
On peut sans doute reprocher à cette esquisse d'être trop précise pour laisser les effets de la couleur se diffusant sur le papier mouillé. Si c'est le cas, je recommencerai mon dessin sans état d'âme car dans l'aquarelle il y a une part intéressante d'imprévus avec le travail de la couleur transparente sur le papier : il ne faut pas tuer cette transparence lumineuse et c'est pour moi le plus difficile car j'ai tendance à "gouacher", c'est-à-dire mettre trop de couleur sur mon pinceau.
Me reste à déterminer la méthode : soit je m'inspire des impressionnistes avec des touches multicolores éclatées, soit plus classiquement d'une transposition du réel ? En fait, je ne saurais qu'après les premiers coups de pinceaux avec les reflets de la lumière et la diffusion de la couleur sur le papier mouillé. Ce sera le temps de la spontanéité qui convient à l'immédiat de l'aquarelle.
C'EST PARTI !
Comme je le pressentais le dessin ne me sert pas à grand chose ; juste à mettre de la gomme de masquage sur les zones qu'il me faut garder blanche ou plus claires.
Le reste est de la peinture spontanée sans regarder les modèles. Il faut m'approprier la composition pour équilibrer les couleurs, les ombres et les reflets.
J'attends que le papier soit bien sec pour supprimer la gomme et voir l'effet de la lumière dans la composition.
Ensuite un deuxième et troisième tours de mise en couleurs pour harmoniser l'ensemble et me permettre plus tard de finaliser.
Hé oui ! c'est une aventure ou un vagabondage avec une grande part d'incertitudes qui commence...mais ça vibre !
S'AUTO-ÉVALUER :
Même si je ne suis pas du tout satisfait, il faut aller au bout du bout cette composition pour essayer de la maîtriser et peu à peu réussir à reprendre le dessus pour corriger ce qui me choque, mais c'est loin d'être gagné !
De commencer par le pont très sombre est sans doute une grossière erreur. En principe les aquarellistes vont du plus clair de la lumière et finissent par les zones d'ombres.
Par exemple, il faut que je revois à l'arrière du pont la courbe de la rivière en éclaircissant pour donner de la profondeur, que j'ajoute des petites feuilles d'un vert très pâle, la pointe d'ombre sous le pont ne correspond à rien, il faut sans doute ajouter des feuilles rouges au premier plan... Bref, il y a encore beaucoup de travail pour juger le résultat final...
Après plusieurs heures de travail, il est temps d'arrêter pour juger l'aquarelle définitive avec un oeil critique...Ai-je réussi ? C'est sans doute dans quelques jours que je pourrai le savoir... Il faut prendre du recul, se détacher de sa réalisation, la laisser vivre indépendante et en dehors de soi...
INSPIRATION MAIS PAS COPIE :
Si je me suis inspiré de l'excellent peintre russe TOUTOUNOV pour réaliser cette aquarelle, je n'ai surtout pas essayé de le copier : je me suis lâcher.
Mon tableau est donc vraiment différent du sien. Toutounov m'a permis de partir sur une mise en page équilibrée et sur un rapport de valeurs froides et chaudes. Je me permet de rappeler son beau tableau pour que se soit bien clair :
RECOMMENCER :
Je recommence sans regret ce thème automnal en prenant une méthode plus conventionnelle pour éviter les écueils.
C'est le pont de Giverny par Claude Monet qui me semble plus intéressant à mettre au centre de la composition par rapport à ma façon de travailler car sa couleur vert-turquoise peut renvoyer des reflets intéressants..
C'est donc reparti mais avec la rigueur au rendez-vous...
Pour cela il faut bien mouiller la feuille de papier avec une douchette dans une baignoire, le laisser travailler à plat sur la planche à dessin durant cinq minutes, coller une bande de papier kraft tout autour. Bien laisser la feuille se tendre en séchant. Ensuite recommencer le dessin, mettre la gomme de masquage et commencer la mise en couleur par le ciel et l'eau, le fond très clair des feuillages, les renvois de couleurs et finir par les ombres...
Est-il fastidieux de recommencer le même genre de composition ?
Pas du tout si on sait éviter de reproduire les erreurs...
Donc le plaisir est toujours présent car il ne faut pas oublier que beaucoup de peintres célèbres réalisent des études avant d'entreprendre leur tableau définitif et moi, je ne suis qu'un amateur essayant d'exprimer un ressenti. Il est donc jubilatoire de travailler toujours et toujours. Ce paysage d'un sous bois en automne doit traduire mon émerveillement devant la nature ; mais qu'il est présomptueux d'espérer y parvenir ! Je fais ce que je peux...
Le regard de mon "MENTOR":
Soumette à l'oeil de lynx d'André LE NOIR, est pour moi un moyen de distancer mon travail. Cela fait partie de la dépossession nécessaire quand on estime être aller au bout d'une composition. Mon professeur qui, pour une fois fut complètement absent durant l'élaboration de ce tableau, le valide : "Ne touchez plus à rien ! C'est bon !"
Ouf ! J'offrirai donc cette aquarelle à la personne à qui elle est destinée l'esprit libéré en espérant qu'elle lui plaira : ça, c'est impossible de savoir et c'est un appel à l'humilité nécessaire à tout amateur...
-esquisse au crayon fin sur du papier calque- |
TECHNIQUE :
Comment élaborer un dessin sans salir le papier ?
André Lenoir m'apprit d'abord à dessiner sur du papier calque les lignes directrices de la composition sans les détails. Une fois cette ébauche bien en place, il faut la retracer au crayon à l'envers avec les bons traits pour pouvoir les décalquer en les reportant sur la feuille blanche bien tendue à l'aide d'une vieille pièce de monnaie avec laquelle on frotte fortement sur le calque. Ainsi le dessin peut apparaître sans salir la feuille avec des traits inutiles.
Le dessin esquissé peut alors être affiné avant sa mise en couleur. C'est tout simple et bien pratique. C'est ce que je suis en train de faire au moment même où j'écris cet article et toute la composition est transférée sur le papier.
On peut sans doute reprocher à cette esquisse d'être trop précise pour laisser les effets de la couleur se diffusant sur le papier mouillé. Si c'est le cas, je recommencerai mon dessin sans état d'âme car dans l'aquarelle il y a une part intéressante d'imprévus avec le travail de la couleur transparente sur le papier : il ne faut pas tuer cette transparence lumineuse et c'est pour moi le plus difficile car j'ai tendance à "gouacher", c'est-à-dire mettre trop de couleur sur mon pinceau.
Me reste à déterminer la méthode : soit je m'inspire des impressionnistes avec des touches multicolores éclatées, soit plus classiquement d'une transposition du réel ? En fait, je ne saurais qu'après les premiers coups de pinceaux avec les reflets de la lumière et la diffusion de la couleur sur le papier mouillé. Ce sera le temps de la spontanéité qui convient à l'immédiat de l'aquarelle.
-Première mise en couleur avec la gomme de masquage_ |
Comme je le pressentais le dessin ne me sert pas à grand chose ; juste à mettre de la gomme de masquage sur les zones qu'il me faut garder blanche ou plus claires.
Le reste est de la peinture spontanée sans regarder les modèles. Il faut m'approprier la composition pour équilibrer les couleurs, les ombres et les reflets.
J'attends que le papier soit bien sec pour supprimer la gomme et voir l'effet de la lumière dans la composition.
Ensuite un deuxième et troisième tours de mise en couleurs pour harmoniser l'ensemble et me permettre plus tard de finaliser.
Hé oui ! c'est une aventure ou un vagabondage avec une grande part d'incertitudes qui commence...mais ça vibre !
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Même si je ne suis pas du tout satisfait, il faut aller au bout du bout cette composition pour essayer de la maîtriser et peu à peu réussir à reprendre le dessus pour corriger ce qui me choque, mais c'est loin d'être gagné !
De commencer par le pont très sombre est sans doute une grossière erreur. En principe les aquarellistes vont du plus clair de la lumière et finissent par les zones d'ombres.
Par exemple, il faut que je revois à l'arrière du pont la courbe de la rivière en éclaircissant pour donner de la profondeur, que j'ajoute des petites feuilles d'un vert très pâle, la pointe d'ombre sous le pont ne correspond à rien, il faut sans doute ajouter des feuilles rouges au premier plan... Bref, il y a encore beaucoup de travail pour juger le résultat final...
Après plusieurs heures de travail, il est temps d'arrêter pour juger l'aquarelle définitive avec un oeil critique...Ai-je réussi ? C'est sans doute dans quelques jours que je pourrai le savoir... Il faut prendre du recul, se détacher de sa réalisation, la laisser vivre indépendante et en dehors de soi...
-Mon sous bois- |
INSPIRATION MAIS PAS COPIE :
Si je me suis inspiré de l'excellent peintre russe TOUTOUNOV pour réaliser cette aquarelle, je n'ai surtout pas essayé de le copier : je me suis lâcher.
Mon tableau est donc vraiment différent du sien. Toutounov m'a permis de partir sur une mise en page équilibrée et sur un rapport de valeurs froides et chaudes. Je me permet de rappeler son beau tableau pour que se soit bien clair :
-Le tableau de Toutounov- |
Je recommence sans regret ce thème automnal en prenant une méthode plus conventionnelle pour éviter les écueils.
C'est le pont de Giverny par Claude Monet qui me semble plus intéressant à mettre au centre de la composition par rapport à ma façon de travailler car sa couleur vert-turquoise peut renvoyer des reflets intéressants..
C'est donc reparti mais avec la rigueur au rendez-vous...
Pour cela il faut bien mouiller la feuille de papier avec une douchette dans une baignoire, le laisser travailler à plat sur la planche à dessin durant cinq minutes, coller une bande de papier kraft tout autour. Bien laisser la feuille se tendre en séchant. Ensuite recommencer le dessin, mettre la gomme de masquage et commencer la mise en couleur par le ciel et l'eau, le fond très clair des feuillages, les renvois de couleurs et finir par les ombres...
Est-il fastidieux de recommencer le même genre de composition ?
Pas du tout si on sait éviter de reproduire les erreurs...
Donc le plaisir est toujours présent car il ne faut pas oublier que beaucoup de peintres célèbres réalisent des études avant d'entreprendre leur tableau définitif et moi, je ne suis qu'un amateur essayant d'exprimer un ressenti. Il est donc jubilatoire de travailler toujours et toujours. Ce paysage d'un sous bois en automne doit traduire mon émerveillement devant la nature ; mais qu'il est présomptueux d'espérer y parvenir ! Je fais ce que je peux...
Le regard de mon "MENTOR":
-André Le Noir- |
Ouf ! J'offrirai donc cette aquarelle à la personne à qui elle est destinée l'esprit libéré en espérant qu'elle lui plaira : ça, c'est impossible de savoir et c'est un appel à l'humilité nécessaire à tout amateur...