mardi 15 décembre 2020

Changement de méthode

 Continuer dans une série de clowns m'intéresse à condition de progresser techniquement.

Pour cela une méthode plus rigoureuse s'impose avec :

  • une source d'inspiration réelle sur Internet
  • un dessin préparatoire précis mais personnalisé
  • une mise en couleur plus élaborée

C'est ce que je commence avec ce clown :




D'abord dessiné sur du papier calque, reporté sur une planche de contre plaqué peinte à l'acrylique, redessiné au feutre permanent, les traces de crayon sont le plus possible effacées. (Dessiner l'ébauche sur du papier calque permet de la corriger au fur et à mesure de son avancée).

Cette phase préparatoire demande déjà une journée de travail. Tout doit être sous contrôle. Je peux déjà savoir où la peinture me permettra quelques ajustements ou corrections.
Si l'image finale peut paraître naïve, la réalisation n'est plus dans le registre spontané. C'est une autre facette du style des artistes autodidactes que j'explore. Par exemple la façon de dessiner de Henri Rousseau dit "le Douanier" est très précise et n'a rien d'enfantine.

MON CLOWN : une option et un risque

Il est plus facile de dessiner le portrait d'un clown triste et c'est généralement ce que les artistes choisissent car le méditatif renvoie à l'interpellation sur le sens de la vie.

Un clown joyeux court le risque du non sens, de l'ordinaire qui ne suscite aucune interrogation.
Pour ce tableau, j'ai essayé de combattre cette banalisation avec les mains qui invitent au dialogue. Le "gestuel" prime en donnant une clef interprétative car ce clown s'adresse à nous.

UNE FONCTION SYMBOLIQUE : un exutoire populaire

J'ai donc recherché d'illustrer sa fonction symbolique en me souvenant que j'en avais eu très peur quand ma marraine m'avait emmené au cirque croyant me faire un beau cadeau d'anniversaire. Cette peur enfantine venait de loin.

Pitre comique au visage camouflé sous un maquillage outrancier, le clown tient en effet une place symbolique, amusante ou terrifiante, dans l'imaginaire populaire. Il est le bouffon du peuple, l'impertinent qui peut tout se permettre ou tout dire à condition de faire rire.

Poète, mime, musicien, acrobate, le clown est un personnage fondamentalement déséquilibré socialement qui se relève toujours de ses chutes absurdes (de ses morts) par la dérision.
 
Au désordre délirant qu'il sème, sa gravité intérieure révèle aussi notre peur de l'inconnu. C'est tout cette "médiation" sociale que j'aimerais rendre dans ce tableau.
Pour rappel, les clowns à l'hôpital jouent un rôle thérapeutique de plus en plus reconnu. Ils sont intégrés aux équipes soignantes, participent aux réunions de soutien psychologique. 
"A l'hôpital, le clown est un exutoire à la pression du lieu. En jouant le rôle de perturbateur, sa présence n'efface pas la douleur des enfants malades mais la tient à distance. Véritable catalyseur, le clown permet à l'enfant de maîtriser l'angoisse de l'hospitalisation."

LA REALISATION : une technique au service de l'expression

Je vous propose de suivre cette semaine les étapes suivantes de cette acrylique  de 51 x 34,3 cm. 

Tout d'abord, je dois corriger le dessin des mains car se sont elles qui déterminent la compréhension symbolique du rôle de ce clown.

Ensuite, la première question est de choisir de commencer par le fond ou la mise en couleur du personnage ?