mercredi 16 décembre 2020

AUGUSTE, CLOWN GROTESQUE

 


La peinture de mon clown est terminée et j'ai livré la progression de son élaboration. 

C'est un clin d'œil pour rire des aléas de la vie malgré ses drames, ses épreuves, ses échecs. 

Traditionnellement "l'Auguste" partage la scène avec le "Clown Blanc" dont l'ancêtre est le célèbre "Pierrot" de la commedia dell' arte.

Auguste est un farceur qui rate tout en se ridiculisant face à son partenaire autoritaire et sérieux.

Parfois, impuissant, fautif, instable, absurde je m'identifie à l'horripilant et désespérant Auguste du cirque et quand j'animais autrefois un spectacle caritatif je me déguisais toujours en clown grotesque car tout m'était permis : le passage à l'acte fait partie de la psychologie du clown mais aussi de la mienne car je tombe et meurt symboliquement souvent mais je me relève aussi toujours, tout comme Auguste.

"Souvenirs-souvenirs..."

Si j'ai voulu peindre un Auguste facétieux, je peux maintenant le peindre triste, interrogatif, songeur, recherchant vainement un sens existentiel. Là aussi je pourrais m'identifier à la psychologie de l'intermittent du spectacle.



Enfant, j'ai eu la chance de rencontrer Achille Zavatta qui faisait construire un voilier traditionnel en bois habitable dans un chantier naval près de Rouen. 

Mon père, un fin navigateur, était ami avec le maître charpentier. J'ai donc pu assister au baptême de ce superbe bateau. 

Achille Zavatta n'avait rien de l'image du rustre, benêt, idiot, gaffeur, lourdaud ridicule qu'il incarnait dans le cirque qu'il dirigeait d'une main de maître en homme d'affaires avisé. 

Beaucoup plus tard à Caen, où il avait planté son chapiteau, je l'ai vu mettre une râclée magistrale à son ingénieur du son après le spectacle car celui-ci avait mal réglé les micros. 


Zavatta était un des grands clowns de l'époque et quand naïvement je lui avais posé une question sur son métier, il m'avait gentiment et sérieusement répondu : "Il faut une vie pour l'apprendre de père en fils et c'est très difficile de faire rire des gens qui viennent pour ça. C'est plus facile de faire de la voile."

Entre-nous, je n'ai jamais su quand et où il pouvait trouver le temps de naviguer ?

CONCEPT :

A partir de l'idée d'un clown, en 2001, je m'étais amusé de dessiner au pastel l'évocation de l'Auguste. 

Ma démarche n'avait pas été comprise, ni appréciée, et pourtant j'avais beaucoup intériorisé le concept : être incompris, rejeté, méprisé fait partie du risque artistique.

Mais attention ! Pas de survalorisation prétentieuse dans mon expression picturale ! 

Je sais que je ne suis qu'un amateur dans la matière, situé entre l'autodidacte et l'artiste créateur... Je m'exprime à partir d'acquis sans apporter quelque chose de très personnelle dans mes réalisations. Les peintres autodidactes dits naïfs peignaient parfois à partir de cartes postales. Je parts plutôt d'œuvres réalisées par d'autres artistes.



PERSPECTIVES :

A Noël, ma fille et mon épouse m'offriront de nouveaux tubes d'acrylique et  je pourrais continuer mes recherches picturales car je suis bloqué en manquant de couleurs après ce clown. J'ai envie de travailler sur le duo du clown blanc associé à l'Auguste. Mais je sais aussi que les gens sont sensibles au  genre animalier comme par exemple les girafes. A suivre donc ...