jeudi 6 juin 2019

DEVOIR DE MÉMOIRE



Résultat de recherche d'images pour "photos du débarquement du 6 juin 1944"

Le 6 juin 1944, je n'avais que 29 mois et donc je n'ai pas de souvenir, seulement ceux recomposés par la transmission de l'éducation familiale. 

A Lyon où mes parents demeuraient, j'ai l'image des malades que les infirmiers descendaient sur des brancards dans un abris de l'hôpital lors d'une alerte de bombardements, d'un policier détourant ma mère d'une rue où une bombe n'avait pas explosé, de la faim qui nous tiraillait lors des restrictions alimentaires, du papier qui recouvrait les carreaux des fenêtres de notre appartement pour masquer son éclairage électrique la nuit (défense passive), des descentes en toute hâte dans les abris lors des bombardements, du petit pistolet que mon père cachait sous sa ceinture, des blindés traversant la ville... Ces images obscures sont ancrées dans le sub-conscient comme les traces d'un passé traumatisant.

En 1945, mes parents sont venus habiter Rouen. Je me souviens bien de notre arrivée en train à vapeur, sur les quais de la rive gauche de la Seine de Rouen détruite par les bombardements. De Cherbourg à Ouistreham, mes parents m'ont fait visiter les champs de batailles. Je me souviens des chantiers gigantesques de reconstruction des villes détruites. J'ai aussi beaucoup lu d'ouvrages historiques et le Débarquement en Normandie est devenu un lien qui m'enracine dans cette terre que j'aime passionnément avec son histoire, ses grandes figures.

J'ai reçu les valeurs du courage patriotique en héritage avec ces 150000 hommes à l'assaut des troupes occupantes.

Le 6 juin 1944 fut le premier jour de la reconquête de la liberté et jour J pour l'avènement de la superpuissance américaine que nous connaissons encore aujourd'hui.

En parcourant les cimetières militaires du Débarquement, le sacrifice de tant de vies  saisit l'âme d'un silence glacé car sans avoir vu ces tombes on ne peut pas imaginer à Colleville-sur-Mer, par exemple, le bruit monstrueux des combats et la réalité historique nous échappe.

En Normandie, c'est un discret hommage à ces morts qui m'étreint mais c'est aussi la prise de conscience  des vertus de la liberté.

Résultat de recherche d'images pour "Photos de Rouen ravagés en 1945"

"L'Art d'être Français" s'est payé au prix du sang  des Alliés, des résistants, des civils et leur doit donc une reconnaissance qui s'ancre dans notre mémoire collective. 

La Normandie libérée a été ravagée, ses habitants souffrirent, ses villes furent détruites, ses familles subirent le deuil de proches, mais les troupes des Alliés, la Résistance, De Gaulle, les combattants de la France libre ont fait de nous un peuple libre. Et le 6 juin 1944 c'était cette page d'histoire qui s'ouvrait.

La France, au cœur de l'Europe est en paix avec ses pays voisins. Cette paix est sous-tendue par l'union des nations qui savent le prix des guerres passées. 

Espérons seulement que le bonheur relatif que nous, Français, vivons, ne soit pas un anesthésiant qui nous fasse oublier notre histoire, car notre liberté n'est pas une faveur gratuite tombée du ciel. Elle nous a été offerte au prix du sang par nos aînés. Et l'émouvante commémoration du 6 juin 1944 a un seul but : nous permettre de transmettre aux générations qui nous suivent l'amour de la France, de son histoire et de la démocratie.